dimanche 23 octobre 2011

Fin du week-end indigné à Bruxelles : le lundi

Jour du retour. Bon cette fois pas mal de monde était déjà parti du camp le matin, donc pas de petit déj. Snif. Mais bon on s'était préparés et on avait acheté un peu de lait et des céréales au chocolat. En + il faisait beaucoup moins froid que la veille grâce à des nuages, donc on a pris ça comme petit déj et c'était très bien.
Après on a eu la chance de tomber sur une spécialiste des tentes quechua qui a pu nous expliquer comment replier la notre. Ca s'invente pas, fallait la tourner en la repliant en même temps et en forçant un peu au passage, ça peut pas s'inventer !
Bref, route excellente. A l'arrivée, crevés on décide d'aller à un rassemblement place royale en mémoire des morts du 17 octobre 1961 et contre les violences policières en général, mais en fait le rassemblement se transforme en manif pile au moment où on arrive, donc on décide de suivre le cortège sans trop y croire. Petit cortège, mais sympa. Il y a toujours des chansons énervantes qui passent à partir d'une espèce de sono portable, mais bon... Les flics nous font la circulation, une voiture devant, une derrière, remarquable ! Ah tiens au fait, on a appris en quittant la Belgique que le nouveau directeur de la BCE soutenait les indignés ! Ca nous a fait rire sur le coup, mais ça ajouté au fait que la situation économique de la Belgique est loin d'être rose en ce moment explique probablement pourquoi les flics ont été exceptionnellement gentils avec nous ce week-end. Tant mieux pour tout le monde après tout...
Au final on rencontre du monde, on essaye d'aller prendre une bière, mais on tarde trop à y arriver, et l'un du groupe s'en va. Moi je suis crevé et je décide de le suivre. En rentrant j'ai vaguement mangé un yahourt avant d'aller m'écrouler. Arrivée dans le lit : 21h40. J'ai jamais vu 21h45 !!!

Au début j'ai cru que je me débarasserais de cette crève en étant juste au chaud après tout ça. Que nenni ! Donc après avoir essayé les méthodes classiques, vu qu'elle fait tousser assez douloureusement j'ai été voir le doc le jeudi. Une grosse rino, avec début d'infection dans les oreilles, d'où la douleur. Remarque ça faisait 4 jours que j'avais les oreilles bouchées, ça commençait à faire aussi... J'avais bien essayé de les rincer, mais très très sensibles. Donc finalement j'ai eu droit à un antibio, et 3 autres trucs, dont du paracétamol et un truc pour le nez. Encore aujourd'hui j'ai les oreilles un peu bouchées, même si je sens bien qu'il y a du mieux. Sacrée saloperie quand même, mais bon c'est de ma faute, et ça valait le coup !

Week-end indigné à Bruxelles : dimanche

Déjà dans la nuit, avant l'aube, je suis réveillé par des douleurs aux tympans quand j'avale ma salive. Similaire à la délicieuse sensation qu'on a quand on fait une mauvaise plongée en apnée, et pourtant j'ai la tête en grande partie dans le duvet, bonjour l'ambiance. Pourvu que ça ne me reste pas pendant le reste du trajet... souhait exaucé, la douleur était partie au matin, mais en tous cas comme ça j'étais assuré d'avoir chopé une crève, une qui n'allait pas me lâcher facilement !
Encore plus près de l'aube la musique boum boum s'est enfin arrêtée (probablement aux alentours de 5h, comme hier), et elle a été remplacée par des bruits plus calmes, des gens qui discutent tranquillement, ce genre de truc. A un moment j'entends une voix de femme : "Regarde le soleil va se lever !". Puis le silence quelques instants, et une petite chanson pour saluer le nouveau jour qui se lève ! Je sais exactement qui c'est, elle a fait des chansons autour du feu la veille au soir. C'est marrant mais ça me fait penser à l'ambiance dans le désert, et elle pourrait tout à fait avoir été une femme du désert d'ailleurs (habillée comme là-bas), mais en tous cas, elle est géniale, et l'entendre me fait sourire. Au moins c'est une journée qui s'annonce bien ! Un moment je pense me lever dès l'aube pour aller guetter ce soleil naissant, mais bon, je suis bien placé pour savoir qu'il fait encore très froid, tout le monde dort, et il vaut mieux attendre un peu qu'il commencé à réchauffer tout ça ! Dire que je me rendors est un bien grand mot, mais disons que je réussis à patienter en tous cas, et on s'est levés un peu avant 8h30 si je me souviens bien, déjà plus raisonnable, mais encore très froid !

Il y a des feux qui ont été rallumés pour réchauffer ceux qui s'approchent frileusement. Il y a des gens qui ont réussi à dormir dehors près des feux éteints, entièrement enfouis dans des sacs de couchage ! Ca me rappelle les histoires que j'ai entendu sur la résistance au froid que peut permettre l'alcool... Et bin, j'espère qu'ils ont bien bu dans ce cas là ! ;) En tous cas tout le monde émerge petit à petit. J'en ai entendu tousser bruyamment depuis la tente, mais ça a l'air d'aller finalement. La veille quand les flics ont repris le bâtiment de l'université, ils en ont profiter pour jeter tout notre stock de nourriture, charmante attention. Mais la surprise qu'on a ce matin, c'est que des gens se sont mobilisés aussitôt pour nous fournir un nouveau stock ! Résultat : on arrive à faire chauffer du café sur le feu, ce qui fut ô combien agréable, à trouver des morceaux de pain et des trucs à tartiner dessus ! Ca fait un bien fou de manger par un froid pareil, et déjà le soleil commence à nous réchauffer !
Programme de la journée ? Un peu particulier. Déjà on en était restés à "on a le droit de camper, mais un seul soir", donc il y a un risque que les flics viennent nous demander de partir dans la journée (ou nous expulsent !). Du coup on hésite un peu à quitter le camp. On finit par le faire quand même pour trouver un pub pas très loin et des WC pour les filles, et plus tard on décide d'aller à un festival du livre subversif qu'on avait repéré depuis Nantes et auquel on avait décidé d'aller. Les dernières vapeurs de la batterie de mon tél portable nous apprennent grâce à son gps qu'on est à moins de 2km ! Après prise de renseignement, on y va en bus. Les bus là-bas, c'est pas comme à Nantes. On paye si on veut, et on ne montre rien au chauffeur. Je suppose qu'il y a des contrôles des fois, mais ça parait raisonnable de prendre le risque un dimanche, et donc on a voyagé gratuit. Remarque ce n'était pas très loin, mais le repérage n'est pas forcément évident quand on ne connait pas. Là bas très bonne ambiance. Des livres et des prospectus à disposition tout autour d'une salle assez petite, en français allemand et espagnol, et ils fournissent du café et des espèces de crêpes très bourratives gratuitement. Moi qui me sent de plus en plus stone, je décide de profiter du café et de la crêpe. Hallucinant comme crêpe, avec une seule on a l'impression d'avoir avalé un repas, et encore elle est nature ! Je choisis quelques prospectus au hasard en me laissant guider par les titres, et tous ceux que je choisis traitent de l'incarcération et comment lutter contre l'enfermement sous toutes ses formes. Pourtant j'aurais jamais deviné d'après le titre pour la plupart !
Au camp rien à signaler, donc je décide de tacher de faire une sieste au soleil pour rattraper mon retard. Pas une grosse réussite, parce qu'il y a un passage perpétuel. Néanmoins rester étendu au soleil les yeux fermés me fait du bien, et je me remets bientôt à la recherche des autres. Il y a des drôles de petites voitures avec des numéros de loto dessus, c'est pour un jeu bizarre organisé ici. Il y a une partie du groupe qui décide de faire une espèce de manifestation en rapport avec ces voitures. L'autre plan c'est de suivre un groupe qui va manifester contre l'enfermement des sans papiers. Curieux de voir l'histoire de l'enfermement, surtout après mon passage dans les bouquins tout à l'heure, donc c'est parti... On y retrouve notre Africain de l'autre jour, celui qui avait interrompu l'AG dans l'université. Il a toujours son chapeau bizarre et son bâton grillagé... Cette fois il est leader de notre groupe improbable. Normalement on est sensés avoir rendez-vous à la gare avec le gros du groupe. Sauf qu'il a mal compris et qu'en fait on était sensé prendre le train avec eux, gratuitement, mais on arrive beaucoup trop tard, et comme on ne sait même pas où aller après avoir pris ce train on est obligés de laisser tomber. Comme il a mauvaise conscience, il décide de nous emmener visiter le quartier africain de Bruxelles ! En réussissant à nous offrir des trucs sur la route : un alcool fort (liqueur, juste un peu), un autre apéro, juste gouté pareil, des paquets de cacahuètes non grillées naturelles dans leur coquille offertes par un vendeur sympa qu'on a remercié, et on finit tous autour d'une table à retrouver un gars du sud de la France qui vit là et ils nous offrent des bières. C'est là que je comprends qu'en fait ils sont sans abris, et ils se débrouillent du mieux qu'ils peuvent pour survivre au jour le jour. En fait ils n'ont rien, et ils nous offrent tout ce qu'ils peuvent ! Le pire c'est que je ne vais pas pouvoir leur rendre facilement puisqu'il fallait qu'on parte le lendemain. Tout ça m'a laissé un sentiment d'inachevé, mais en tous cas c'était un sacré humain celui là. Rendu un peu fou par ses expériences visiblement, mais incroyablement humain quand même !!!

Le soir on se retrouve au campement. Tout va bien, les flics ont décidé dans leur grande bonté d'ame de nous laisser un jour de + ici. Décidément on ne les reconnait plus, ça cache quelque chose ! Aussi avant de partir pour notre expédition, j'avais laissé mon tél portable à charger sur le groupe électrogène du camion (celui qui faisait la musique de la veille au soir). Quand j'y retourne tout est plongé dans l'obscurité, mais ils ont mis mon tél de côté, tout va bien. Je le récupère chargé à bloc, et je leur laisse 2 euros de participation, ravi. J'apprendrai plus tard qu'en fait le groupe est entièrement déchargé, et ils sont un peu dégoutés parce que presque personne n'a participé au frais, du coup ils ne peuvent pas le recharger. En tous cas ils étaient très contents de ma participation, et moi aussi !
Ce soir là on a réussi à se faire un couscous au feu de bois, rien que ça. Il avait un gout un peu grillé, mais c'était super bon ! Comme il n'y avait plus de courant, la soirée fut beaucoup plus calme. Moi de toutes façons je commençais à avoir une sacrée crève, donc je suis resté à discuter tranquillement. C'était bien. Au final on a profité du fait qu'on avait un matelas et un sac de couchage en rab pour me faire une installation top pour le dernier soir. Le duvet par dessus, ça me donnait l'impression de nager dans un océan de chaleur ! Il y avait bien un peu de musique à l'extérieur, des tambours et de la guitare, mais je trouvais que ça me berçait en fait ! De très loin la meilleure nuit que j'ai passé à Bruxelles, cette fois j'ai vraiment dormi, enfin !!! :)

Week-end indigné à Bruxelles : Samedi

Samedi, le jour de la manif

Bah en fait même après 5h j'ai dormi en pointillés comme on dit. Réveillé dès que ça a commencé à bouger autour de moi, et trop content d'enfin pouvoir bouger, donc on s'est mis en quête d'un p'tit déj. La cafète était vachement bien organisée de ce côté là. Ils avaient tout à disposition en fait. Café, thé, lait, céréales, pain, confiture, chocolat, etc...  De quoi se remettre en forme avant une grosse journée. Ambiance bon enfant en +. Une histoire de flics qui seraient venus chercher quelqu'un et il les aurait suivi sans faire d'histoire. Ah oui c'est le truc que j'ai oublié de dire pour vendredi : tout le trajet de la manif a été négocié avec les flics. En fait jusqu'au dernier moment ils croyaient qu'on n'aurait même pas le droit de partir groupés de la fac et ils commençaient à nous demander de partir par petits groupes de 4 ou 5 avant que ça soit confirmé que finalement on pouvait tous partir de là (heureusement encore !!!). C'était peut-être une négociation de ce genre de dernière minute...

Après ça on a été faire un peu de tourisme ! L'idée à la base c'était de trouver un café pour remplir la gourde. On a jamais trouvé le café, mais on a fait un sacré bout à pied, on a trouvé l'atomium, une attraction bizarre de Bruxelles avec une espèce de machin symbolisant une sorte de molécule. Le parc était joli et paisible aux alentours en tous cas, et la ballade agréable. Sur le chemin du retour on a trouvé un petit magasin qui faisait ses sandwiches, donc on en a achetés, et on les a mangés devant la boutique, au soleil. Bien cool. Finalement c'est là qu'on a rempli la gourde, avant de prendre le métro pour rentrer (et de faire une boucle pour rien dedans, mais c'est assez mal indiqué quand on est habitué au métro parisien, je suppose que c'est une histoire d'habitude avant tout !). Juste avant d'arriver on reçoit un appel comme quoi il faut se dépêcher de déménager nos affaires. On arrive en retard, on a tout juste le temps de tout évacuer. La plupart sont déjà partis quand enfin on est prêts à partir. Il y a un petit groupe derrière nous qui essaye de trainer un gros mannequin de banquier pour le bruler plus tard, et il a du mal. Un membre du groupe va les aider pendant que nous essayons de rejoindre le gros du cortège. On demande même notre route à des gens croisés en chemin qui nous l'indiquent ! C'est folklo, pas à dire ! Mais déjà, moi qui avait demandé aux autres de rester groupés en cas de problèmes avec les flics, c'est déjà foutu, on reverra les autres pendant de courtes périodes de temps en temps plus tard !

Et finalement on rejoint le gros du cortège. Pour des gens habitués aux manifs nantaises ridicules, c'est un choc plutôt dur à décrire. Une marée humaine, mais pas que ça. Cette fois on est pas encadrés par des syndicalistes, donc il n'y a plus de sono pour jouer des musiques qui vont bien. C'est les gens dans le cortège qui lancent chansons et slogans, et il y a de l'ambiance. L'autre truc remarquable c'est que les gens sur les bords de la route ne font pas que de nous regarder passer en chiens de faïence (ça c'est ce qui se passe généralement à Nantes !). Ici une grosse partie nous rejoint au fur et à mesure et grossit encore nos rangs. C'est peut-être à cause de ça qu'ils n'ont annoncé que 6000 personnes, ça doit dépendre du moment où on compte (en admettant qu'ils aient été honnêtes dans leurs comptes). On a du dépasser les 10 000 à un moment, certains disaient plusieurs 10aines de milliers.... même si je n'irais pas jusque là, ce qui est sûr c'est que ça faisait du monde, il y a des grands boulevards à Bruxelles comme à Paris, et on noircissait tout d'un bord à l'autre et d'un horizon à l'autre, c'était vraiment énorme !
Il y avait des trucs qui étaient très bien trouvés pendant la marche, comme ceux qui marchaient avec des tambours. En + c'était pas fait au hasard, ils étaient en formation avec différents types de tambours, et jouaient ensemble. On les entendait de loin, et on les entendait approcher. Ca donnait à l'ensemble une force assez démentielle !
Bon de mon côté j'avais décidé de rester groupés, on est au moins restés groupés à 2 par une banderole en fait ! Du coup on a probablement loupé pas mal de trucs, mais c'était déjà bien sympa comme ça. On a trouvé pas mal de monde pour nous aider sur la route. Le tour faisait 10km il parait, la manif qui a duré le + longtemps dans toute l'histoire de la Belgique il parait. Il faut dire qu'on s'est trompé de route au moins 2 fois, 3 je crois. Dans ce cas là on se heurtait à un mur de flics. Comme un groupe c'est très con, on restait là, le temps de comprendre qu'on s'était trompés de sens, et on faisait demi tour... Les flics en tenue de CRS bloquaient le passage comme des statues, visière transparente rabattue, totalement impassibles... Une drôle d'ambiance, mais il n'y a jamais eu de dérapage.
Il parait que la vitrine de Dexia est descendue quand on est repartis de là-bas. Je peux pas confirmer, je ne l'ai pas vue. Il y a aussi quelqu'un qui a réussi à emporter une lettre d'une enseigne de banque, ça je peux confirmer parce que j'ai vu la photo ! Dans les 2 cas, les flics n'ont pas bougé, ce qui est plutôt surprenant par rapport à ce à quoi on s'attendait, mais on ne va pas s'en plaindre !
Au final ça m'a permis de crier un peu avec tout le monde (je n'ose dire "chanter" !), une sensation que je n'avais pas ressenti depuis les vieilles protestations contre une certaine loi de réforme des facs de ma jeunesse. En tous cas ça montrait à quel point les sonos des syndicats peuvent être ridicules, mais c'est sûr que quand il n'y a personne à la manif, on cache la misère comme on peut...
En tous cas on a fini dans un autre parc en fin d'après-midi, mais pas le même. La rumeur disait que les flics avaient investi le bâtiment de l'université qu'on nous avait accordé après que la manif soit partie, et c'était en train de se confirmer. Autre problème pour moi, j'avais été aveuglé par le soleil d'automne, et trop content d'enfin me débarrasser de mon gros pull, je me retrouvais en tee-shirt et en veste de jean pour la soirée, à l'autre bout de la ville par rapport à la voiture. Normalement ça n'aurait pas du être un problème, on aurait eu largement le temps d'aller chercher les affaires à la tombée de la nuit quand on est arrivés dans le parc. Mais vu l'ambiance de la manif, surexcités par tous ces chants et cette marche, on avait l'impression qu'il allait se passer un truc génial et personne n'osait bouger. Il y avait un vendeur de gauffres qui a fait son chiffre de la semaine ce jour là dans le parc ! Après il y a eu une espèce d'AG, mais je commençais à avoir du mal à suivre parce que je commençais à avoir vraiment froid. Finalement quand je me suis aperçu que je commençais à frissonner à répétition sur place, j'ai tout envoyé balader en voyant que personne ne voulait repartir à la voiture, en annonçant que j'irais trouver un hôtel ou autre ! En fait le 1er truc que j'ai trouvé pour me réchauffer ça a été un pub italien, où je suis arrivé emmitouflé dans ma banderole ! Il faisait délicieusement chaud dans ce pub, et purée ça fait du bien dans ce cas là. En + y avait des WC, je vous dis pas la classe ! ;-) Je me suis pris 2 bières à la suite, en discutant avec un italien bien émêché qui m'a offert des cahuètes (et qui m'a félicité pour la banderole, c'est vrai qu'elle était belle cette banderole ! D'ailleurs j'en reviens pas qu'on la voit aussi peu sur les vidéos de l'événement, c'est peut-être le slogan qui n'était pas assez bon, mais l'allure était très bonne en tous cas !). Après renseignements par sms, quelqu'un était enfin parti chercher les affaires à la voiture avec un autre groupe. Donc en calculant mon moment je retournais au parc. Purée malgré les 2 bières qui m'avaient fait monter le rouge au visage, aussitôt sorti, aussitôt froid ! Heureusement ils avaient fait des grands feu dans le parc pendant ce temps là, et je me suis scotché à un feu jusqu'à avoir plus de nouvelles. Il y avait une bonne ambiance autour de ces feux, certains faisaient cuire des trucs à manger. Je n'avais absolument pas faim, je ne sais pas trop pourquoi, mais la chaleur m'allait très bien. Il y avait aussi des chants, un peu de guitare, ce genre de choses. Un soulagement bienvenu quoi. Pendant ce temps, la personne partie chercher les affaires n'en finissait plus de ne pas revenir. Il y avait une rumeur que des gens partis rechercher des affaires à l'université avaient été arrêtés par la police. On voyait déjà la personne partie négocier avec les flics, et invitée à passer les 12 heures qui suivent en garde à vue avec eux. Je m'apprêtais à passer une annonce pour savoir si quelqu'un pouvait prêter un pull, mais finalement on l'a retrouvé à ce moment là : il s'était juste perdu... tout est bien qui finit bien. Enfin pas complètement.

2ème partie du problème : je n'avais pas prévu de camper dehors moi. J'avais juste un petit duvet pour ça. J'avais hésité à emmener une couverture supplémentaire dans le sac à dos en plus, décidant de m'en passer pour une histoire de poids, bin j'aurais mieux fait. Heureusement que certains avaient insisté pour emmener une tente qui nous a pourtant bien encombrés à l'aller. Enfin là elle a eu son utilité, malgré un trou qu'il y avait quelque part à son sommet. Très jolie, et redécorée pour l'occasion en écrivant plein de trucs dessus au marqueur. Seul problème : le marqueur a l'air de partir à l'eau, on s'en est aperçus après. Normalement on aurait du la partager à 4. A 4, on aurait probablement suffisamment réchauffé l'air à l'intérieur pour que tout se passe bien. Oui mais voilà suite à l'apparition d'une autre tente et d'événnements imprévus, on s'est retrouvés à 2 seulement dedans. Et bin je me suis gravement caillé moi! Je n'arrivais littéralement pas à me réchauffer les pieds, obligés de remettre les chaussettes (c'est là qu'on découvre que dans le froid les chaussettes n'ont pas d'odeur, c'est une histoire de bactéries ça, et quand il fait trop froid y a plus de bactéries !). En + autre problème : y avait une sono qui passait une musique "boum boum" juste à côté (enfin pas juste à côté, mais vu le volume ça donnait cette impression là !), et c'était tout sauf berçant. Et la danse qui allait avec n'était vraiment pas mon genre. Bref, 2ème nuit consécutive en pointillés... !

Un week-end indigné à Bruxelles

Bon voilà, après une semaine je trouve que je me suis suffisamment éclairci les idées par rapport à ma crève, et il ne faut pas que je tarde de trop si je veux raconter tout ça.
Rules of engagement (règles du récit) : il va être totalement subjectif, puisque je ne veux pas faire de récit de journaliste en essayant d'avoir un point de vue neutre et générique mais plutôt essayer de tout raconter de mon point de vue personnel, pour essayer de raconter tout ce qu'on peut ressentir quand on est plongés là-dedans... Aussi, je vais éviter de parler des gens de mon groupe, question d'éviter les jugements personnels. Le but est de raconter ce qui nous est arrivé, pas comment chacun l'a vécu, on va éviter de parler d'eux sans leur demander leur avis ! Et enfin pourquoi raconter tout ça, peut-être pour essayer d'expliquer à ceux qui n'y ont pas été comment c'est. Peut-être que ça leur donnera envie d'essayer, peut-être que ça leur fera peur... Aussi pour garder une trace écrite aussi. Ca laisse une trace intense dans les souvenirs, ça n'a duré que 2 jours pleins sur place et 2 jours de voyage, mais les souvenirs sont encore plus vifs que ceux de la semaine qui vient de s'écouler, et ils sont si vifs qu'il faut que ça sorte, que ça puisse s'exprimer !

Vendredi, l'arrivée.

On est donc arrivés vendredi soir à Bruxelles, vers 18h. Une fois qu'on est sortis des bouchons du vendredi soir, on a trouvé le parc Élisabeth assez facilement comme prévu, puis le grand bâtiment de l'université où on allait être logés. Beau temps, comme prévu, et ça allait durer les 4 jours.
A l'arrivée, on est accueillis par un groupe installé sur les marches du bâtiment. En fait c'est surtout la 1ère chose qu'on voit en arrivant, ils ne sont pas spécialement là pour nous accueillir... Il y a des gens qui jouent de la musique, d'autres qui fument ou qui discutent. On est tout de suite plongés dans l'ambiance comme ça, ça va être cool ! C'est coloré, et musical, très vivant. Ca rappelle un peu l'ambiance cool qu'on peut trouver dans une auberge de jeunesse, surtout après les escaliers dans le hall, il y a des trucs affichés partout, plein de gens qui parlent dans toutes les langues...
Seule ombre au tableau : les WC sont hs. Un plombier aurait dit que c'était la fosse sceptique et qu'il fallait appeler les pompiers, et les pompiers ont dit que c'était un boulot de plombier. Résultat : quelqu'un a trouvé une cabine de WC secs, très fonctionnelle (j'ai essayé, et c'est bien !), mais nettement insuffisante pour tous ces gens. En + autre problème : pas un seul robinet dans tout le batiment, pas d'eau du tout !!! Pourtant il y a une cuisine, j'ai pas trop compris comment ils ont fait pour le thé ou le café. Peut-être qu'ils avaient des réserves d'eau, ou un robinet spécial. Bref.
Autre différence : on loge gratuitement, mais sans lit. En fait on doit juste déposer les sacs dans le coin où on veut se mettre. Les gens dorment par terre ou dans des tentes montées à l'intérieur des pièces, c'est une sorte de squat en fait. Il y a visiblement des gens qui sont installés là depuis longtemps, on a d'abord trouvé une pièce bien sympa qu'on a du abandonner parce qu'un père s'était installé là avec ses enfants. Bizarre d'installer des enfants ici, mais bon je suppose qu'il n'avait pas le choix, le moins qu'on puisse faire c'est lui laisser la place dans ce cas là... Au final on a trouvé un coin près de la porte dans une grande salle.

Plus tard on a eu l'occasion d'aller à une dernière AG (assemblée générale), dans un amphi de la fac. Celle là était surtout consacrée aux dernières recommandations pour la manif, ou en gros "que faire si tout se passe mal" ! C'est à dire les dernières recommandations légales, ce qu'on a le droit de faire ou pas, ce genre de truc. Ca permet aussi de voir que les traductions rendent tout très très lourd. Quelqu'un commence en espagnol par exemple, puis c'est traduit par quelqu'un en anglais, puis par quelqu'un d'autre en français, et ça continue. Ca rend tout très très lent.
A un moment on est interrompus par un Africain au chapeau de paille "ébouriffé", et portant une espèce de bâton grillagé qui lui donne un air de chamane improbable des temps modernes. Il se plaint de certains points qui n'ont pas été vus pour les problèmes possibles avec les flics, je ne me rappelle même plus quoi précisément. Ce qui est sûr c'est que le ton monte rapidement, ils essayent de lui dire d'attendre le moment des questions à la fin de la réunion comme c'est prévu, mais comme il ne veut rien entendre ils finissent par le faire sortir à plusieurs.
Pour ajouter encore à la confusion, on est sensés utiliser un langage des signes pendant l'AG, un signe pour applaudir (!), un autre pour faites silence, etc... Bizarre comme idée, on est pas sourd, et chut ça se comprend dans toutes les langues, ainsi que les applaudissements, j'avoue ne pas trop avoir compris l'intérêt de la chose, mais ce qu'il y a de sûr c'est que ça donnait un air bizarre à toute la réunion, un air un peu décalé.
Au final comme leur truc traine en longueur et qu'on était déjà au courant de quasiment tout par fb (facebook), on est partis avant la fin (une partie du groupe du moins), à la recherche de quelque chose à manger et à boire. On a retrouvé les autres plus tard qui nous ont raconté qu'ils ont même fini par s'empoigner physiquement dans l'amphi, et qu'à ce moment là tout le monde est parti. On se demande si c'est pas le travail d'agitateurs. En tous cas ce qui est sûr c'est que la tension est palpable...
Je commençais à avoir un léger mal de crâne. On a finalement fini dans un pub du coin, après avoir assisté à l'arrivé en fanfare d'un bus de Hollandais. Le pub était cher, la musique trop forte, la bière quelconque en bouteille, et la tenancière ne nous comprenait pas et on ne la comprenait pas non plus ! C'est un truc remarquable à Bruxelles, on trouve aussi des pubs italiens, ce genre de chose. On voyage dans toute l'Europe sans quasiment bouger. Enfin la bière a quand même fait son office, ça détend.

Pour finir la journée, je me suis mis dans la tête de réussir à me brosser les dents sans eau, donc avec une gourde, et à une fenêtre ouverte du couloir pour pouvoir cracher ! Bah ça marche, c'est froid et un peu acrobatique, mais ça marche !
La nuit fut assez catastrophique. On s'est retrouvés avec un super ronfleur dans notre "dortoir". Il était déjà là quand on est arrivés, mais il a commencé ses ronflements supersoniques seulement après qu'on se soit installés. Moi qui ai le sommeil léger, j'ai été servi !!! N'y tenant plus j'ai fini par me relever vers 1h30 ou 2h du mat. L'immeuble était toujours une vraie fourmilière, ça montait et descendait les escaliers en permanence. J'ai retrouvé quelqu'un et on a été faire un tour là où ils préparaient les banderoles, à la bibliothèque. Un étage entier réservé pour ça. Des gens studieux et affairés dans tous les coins, à une échelle indescriptible. On a fait une vidéo de la chose pour essayer de rendre les dimensions du travail, tout bonnement hallucinant.
Plus tard dans la nuit, je me suis à nouveau relevé pour partir à la recherche d'un endroit plus calme. Il devait être 3h30. Encore croisé plein de monde partout. J'ai fini par trouver un bureau qui avait l'air calme au 5ème, l'étage "media center". Bizarre comme bureau, classe par rapport au reste, avec un ordo éteint personnel. Bon enfin tout ce qui m'intéressait c'est qu'on pouvait s'installer confortablement sous une table avec mon duvet et y avait un duvet oublié là pour la tête ! Je me suis fait virer à 5h du mat, un gars à l'allure bizarre qui me sort "Ah va falloir que tu partes là, parce que je vais venir dormir avec mes meufs, et après on va bosser ici." C'est le genre "où je suis, qu'est-ce qui se passe ?". Ce gars là avait plus l'air d'un parrain de la drogue que d'un indigné, et j'entendais qu'il avait un groupe d'amis dans le couloir. Pas vraiment le moment de se prendre la tête, mais plutôt de repartir en quête d'un autre logement ! Je suis repassé par dehors pour un coup de WC, et plutôt content de ne pas avoir campé, il faisait vraiment un sacré froid ! Et puis finalement je suis retourné auprès des ronflements supersoniques, j'allais bien réussir à dormir quand même un peu après tout ça...

Finalement ça fait un texte nettement + long que prévu, je vais peut-être faire les autres jours à part alors. Prochain post : samedi, le jour de la manif, donc....

mardi 18 octobre 2011

Où j'étais ce week-end

Bin j'étais là : http://actualutte.info/2011/10/16/comment-les-medias-ont-minimise-une-mobilisation-jamais-vue-dans-toute-lhistoire-de-lhumanite/

Vaut mieux le poster, parce que visiblement les médias ont décidé de ne pas en parler en France, ou alors j'ai loupé (remarque j'ai pas trop entendu de quoi ils parlaient ce week-end, on est revenus en France que lundi !). Je ferai probablement un post + long sur le sujet + tard, parce que c'était une sacrée expérience, et y a beaucoup à en dire humainement, mais déjà je peux dire que c'était impressionnant !

mardi 11 octobre 2011

Un peu de musique !

Bon allez, j'avais décidé de rien poster ici en rapport avec les indignés, mais ça c'est juste une musique, et vraiment elle est très inspirée, la meilleure que j'ai entendue sur le thème jusqu'ici, comme il dit :
INDIGNEZ-VOUS !!!

http://soundcloud.com/passerellesud/indignez-vous-par-hk-et-les

(y a une extension pour chrome, et probablement aussi pour firefox pour récupérer le mp3 à partir de cette page, Il suffit de chercher une extension en rapport avec soundcloud.com pour la trouver !)