dimanche 23 octobre 2011

Week-end indigné à Bruxelles : dimanche

Déjà dans la nuit, avant l'aube, je suis réveillé par des douleurs aux tympans quand j'avale ma salive. Similaire à la délicieuse sensation qu'on a quand on fait une mauvaise plongée en apnée, et pourtant j'ai la tête en grande partie dans le duvet, bonjour l'ambiance. Pourvu que ça ne me reste pas pendant le reste du trajet... souhait exaucé, la douleur était partie au matin, mais en tous cas comme ça j'étais assuré d'avoir chopé une crève, une qui n'allait pas me lâcher facilement !
Encore plus près de l'aube la musique boum boum s'est enfin arrêtée (probablement aux alentours de 5h, comme hier), et elle a été remplacée par des bruits plus calmes, des gens qui discutent tranquillement, ce genre de truc. A un moment j'entends une voix de femme : "Regarde le soleil va se lever !". Puis le silence quelques instants, et une petite chanson pour saluer le nouveau jour qui se lève ! Je sais exactement qui c'est, elle a fait des chansons autour du feu la veille au soir. C'est marrant mais ça me fait penser à l'ambiance dans le désert, et elle pourrait tout à fait avoir été une femme du désert d'ailleurs (habillée comme là-bas), mais en tous cas, elle est géniale, et l'entendre me fait sourire. Au moins c'est une journée qui s'annonce bien ! Un moment je pense me lever dès l'aube pour aller guetter ce soleil naissant, mais bon, je suis bien placé pour savoir qu'il fait encore très froid, tout le monde dort, et il vaut mieux attendre un peu qu'il commencé à réchauffer tout ça ! Dire que je me rendors est un bien grand mot, mais disons que je réussis à patienter en tous cas, et on s'est levés un peu avant 8h30 si je me souviens bien, déjà plus raisonnable, mais encore très froid !

Il y a des feux qui ont été rallumés pour réchauffer ceux qui s'approchent frileusement. Il y a des gens qui ont réussi à dormir dehors près des feux éteints, entièrement enfouis dans des sacs de couchage ! Ca me rappelle les histoires que j'ai entendu sur la résistance au froid que peut permettre l'alcool... Et bin, j'espère qu'ils ont bien bu dans ce cas là ! ;) En tous cas tout le monde émerge petit à petit. J'en ai entendu tousser bruyamment depuis la tente, mais ça a l'air d'aller finalement. La veille quand les flics ont repris le bâtiment de l'université, ils en ont profiter pour jeter tout notre stock de nourriture, charmante attention. Mais la surprise qu'on a ce matin, c'est que des gens se sont mobilisés aussitôt pour nous fournir un nouveau stock ! Résultat : on arrive à faire chauffer du café sur le feu, ce qui fut ô combien agréable, à trouver des morceaux de pain et des trucs à tartiner dessus ! Ca fait un bien fou de manger par un froid pareil, et déjà le soleil commence à nous réchauffer !
Programme de la journée ? Un peu particulier. Déjà on en était restés à "on a le droit de camper, mais un seul soir", donc il y a un risque que les flics viennent nous demander de partir dans la journée (ou nous expulsent !). Du coup on hésite un peu à quitter le camp. On finit par le faire quand même pour trouver un pub pas très loin et des WC pour les filles, et plus tard on décide d'aller à un festival du livre subversif qu'on avait repéré depuis Nantes et auquel on avait décidé d'aller. Les dernières vapeurs de la batterie de mon tél portable nous apprennent grâce à son gps qu'on est à moins de 2km ! Après prise de renseignement, on y va en bus. Les bus là-bas, c'est pas comme à Nantes. On paye si on veut, et on ne montre rien au chauffeur. Je suppose qu'il y a des contrôles des fois, mais ça parait raisonnable de prendre le risque un dimanche, et donc on a voyagé gratuit. Remarque ce n'était pas très loin, mais le repérage n'est pas forcément évident quand on ne connait pas. Là bas très bonne ambiance. Des livres et des prospectus à disposition tout autour d'une salle assez petite, en français allemand et espagnol, et ils fournissent du café et des espèces de crêpes très bourratives gratuitement. Moi qui me sent de plus en plus stone, je décide de profiter du café et de la crêpe. Hallucinant comme crêpe, avec une seule on a l'impression d'avoir avalé un repas, et encore elle est nature ! Je choisis quelques prospectus au hasard en me laissant guider par les titres, et tous ceux que je choisis traitent de l'incarcération et comment lutter contre l'enfermement sous toutes ses formes. Pourtant j'aurais jamais deviné d'après le titre pour la plupart !
Au camp rien à signaler, donc je décide de tacher de faire une sieste au soleil pour rattraper mon retard. Pas une grosse réussite, parce qu'il y a un passage perpétuel. Néanmoins rester étendu au soleil les yeux fermés me fait du bien, et je me remets bientôt à la recherche des autres. Il y a des drôles de petites voitures avec des numéros de loto dessus, c'est pour un jeu bizarre organisé ici. Il y a une partie du groupe qui décide de faire une espèce de manifestation en rapport avec ces voitures. L'autre plan c'est de suivre un groupe qui va manifester contre l'enfermement des sans papiers. Curieux de voir l'histoire de l'enfermement, surtout après mon passage dans les bouquins tout à l'heure, donc c'est parti... On y retrouve notre Africain de l'autre jour, celui qui avait interrompu l'AG dans l'université. Il a toujours son chapeau bizarre et son bâton grillagé... Cette fois il est leader de notre groupe improbable. Normalement on est sensés avoir rendez-vous à la gare avec le gros du groupe. Sauf qu'il a mal compris et qu'en fait on était sensé prendre le train avec eux, gratuitement, mais on arrive beaucoup trop tard, et comme on ne sait même pas où aller après avoir pris ce train on est obligés de laisser tomber. Comme il a mauvaise conscience, il décide de nous emmener visiter le quartier africain de Bruxelles ! En réussissant à nous offrir des trucs sur la route : un alcool fort (liqueur, juste un peu), un autre apéro, juste gouté pareil, des paquets de cacahuètes non grillées naturelles dans leur coquille offertes par un vendeur sympa qu'on a remercié, et on finit tous autour d'une table à retrouver un gars du sud de la France qui vit là et ils nous offrent des bières. C'est là que je comprends qu'en fait ils sont sans abris, et ils se débrouillent du mieux qu'ils peuvent pour survivre au jour le jour. En fait ils n'ont rien, et ils nous offrent tout ce qu'ils peuvent ! Le pire c'est que je ne vais pas pouvoir leur rendre facilement puisqu'il fallait qu'on parte le lendemain. Tout ça m'a laissé un sentiment d'inachevé, mais en tous cas c'était un sacré humain celui là. Rendu un peu fou par ses expériences visiblement, mais incroyablement humain quand même !!!

Le soir on se retrouve au campement. Tout va bien, les flics ont décidé dans leur grande bonté d'ame de nous laisser un jour de + ici. Décidément on ne les reconnait plus, ça cache quelque chose ! Aussi avant de partir pour notre expédition, j'avais laissé mon tél portable à charger sur le groupe électrogène du camion (celui qui faisait la musique de la veille au soir). Quand j'y retourne tout est plongé dans l'obscurité, mais ils ont mis mon tél de côté, tout va bien. Je le récupère chargé à bloc, et je leur laisse 2 euros de participation, ravi. J'apprendrai plus tard qu'en fait le groupe est entièrement déchargé, et ils sont un peu dégoutés parce que presque personne n'a participé au frais, du coup ils ne peuvent pas le recharger. En tous cas ils étaient très contents de ma participation, et moi aussi !
Ce soir là on a réussi à se faire un couscous au feu de bois, rien que ça. Il avait un gout un peu grillé, mais c'était super bon ! Comme il n'y avait plus de courant, la soirée fut beaucoup plus calme. Moi de toutes façons je commençais à avoir une sacrée crève, donc je suis resté à discuter tranquillement. C'était bien. Au final on a profité du fait qu'on avait un matelas et un sac de couchage en rab pour me faire une installation top pour le dernier soir. Le duvet par dessus, ça me donnait l'impression de nager dans un océan de chaleur ! Il y avait bien un peu de musique à l'extérieur, des tambours et de la guitare, mais je trouvais que ça me berçait en fait ! De très loin la meilleure nuit que j'ai passé à Bruxelles, cette fois j'ai vraiment dormi, enfin !!! :)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire