dimanche 23 octobre 2011

Un week-end indigné à Bruxelles

Bon voilà, après une semaine je trouve que je me suis suffisamment éclairci les idées par rapport à ma crève, et il ne faut pas que je tarde de trop si je veux raconter tout ça.
Rules of engagement (règles du récit) : il va être totalement subjectif, puisque je ne veux pas faire de récit de journaliste en essayant d'avoir un point de vue neutre et générique mais plutôt essayer de tout raconter de mon point de vue personnel, pour essayer de raconter tout ce qu'on peut ressentir quand on est plongés là-dedans... Aussi, je vais éviter de parler des gens de mon groupe, question d'éviter les jugements personnels. Le but est de raconter ce qui nous est arrivé, pas comment chacun l'a vécu, on va éviter de parler d'eux sans leur demander leur avis ! Et enfin pourquoi raconter tout ça, peut-être pour essayer d'expliquer à ceux qui n'y ont pas été comment c'est. Peut-être que ça leur donnera envie d'essayer, peut-être que ça leur fera peur... Aussi pour garder une trace écrite aussi. Ca laisse une trace intense dans les souvenirs, ça n'a duré que 2 jours pleins sur place et 2 jours de voyage, mais les souvenirs sont encore plus vifs que ceux de la semaine qui vient de s'écouler, et ils sont si vifs qu'il faut que ça sorte, que ça puisse s'exprimer !

Vendredi, l'arrivée.

On est donc arrivés vendredi soir à Bruxelles, vers 18h. Une fois qu'on est sortis des bouchons du vendredi soir, on a trouvé le parc Élisabeth assez facilement comme prévu, puis le grand bâtiment de l'université où on allait être logés. Beau temps, comme prévu, et ça allait durer les 4 jours.
A l'arrivée, on est accueillis par un groupe installé sur les marches du bâtiment. En fait c'est surtout la 1ère chose qu'on voit en arrivant, ils ne sont pas spécialement là pour nous accueillir... Il y a des gens qui jouent de la musique, d'autres qui fument ou qui discutent. On est tout de suite plongés dans l'ambiance comme ça, ça va être cool ! C'est coloré, et musical, très vivant. Ca rappelle un peu l'ambiance cool qu'on peut trouver dans une auberge de jeunesse, surtout après les escaliers dans le hall, il y a des trucs affichés partout, plein de gens qui parlent dans toutes les langues...
Seule ombre au tableau : les WC sont hs. Un plombier aurait dit que c'était la fosse sceptique et qu'il fallait appeler les pompiers, et les pompiers ont dit que c'était un boulot de plombier. Résultat : quelqu'un a trouvé une cabine de WC secs, très fonctionnelle (j'ai essayé, et c'est bien !), mais nettement insuffisante pour tous ces gens. En + autre problème : pas un seul robinet dans tout le batiment, pas d'eau du tout !!! Pourtant il y a une cuisine, j'ai pas trop compris comment ils ont fait pour le thé ou le café. Peut-être qu'ils avaient des réserves d'eau, ou un robinet spécial. Bref.
Autre différence : on loge gratuitement, mais sans lit. En fait on doit juste déposer les sacs dans le coin où on veut se mettre. Les gens dorment par terre ou dans des tentes montées à l'intérieur des pièces, c'est une sorte de squat en fait. Il y a visiblement des gens qui sont installés là depuis longtemps, on a d'abord trouvé une pièce bien sympa qu'on a du abandonner parce qu'un père s'était installé là avec ses enfants. Bizarre d'installer des enfants ici, mais bon je suppose qu'il n'avait pas le choix, le moins qu'on puisse faire c'est lui laisser la place dans ce cas là... Au final on a trouvé un coin près de la porte dans une grande salle.

Plus tard on a eu l'occasion d'aller à une dernière AG (assemblée générale), dans un amphi de la fac. Celle là était surtout consacrée aux dernières recommandations pour la manif, ou en gros "que faire si tout se passe mal" ! C'est à dire les dernières recommandations légales, ce qu'on a le droit de faire ou pas, ce genre de truc. Ca permet aussi de voir que les traductions rendent tout très très lourd. Quelqu'un commence en espagnol par exemple, puis c'est traduit par quelqu'un en anglais, puis par quelqu'un d'autre en français, et ça continue. Ca rend tout très très lent.
A un moment on est interrompus par un Africain au chapeau de paille "ébouriffé", et portant une espèce de bâton grillagé qui lui donne un air de chamane improbable des temps modernes. Il se plaint de certains points qui n'ont pas été vus pour les problèmes possibles avec les flics, je ne me rappelle même plus quoi précisément. Ce qui est sûr c'est que le ton monte rapidement, ils essayent de lui dire d'attendre le moment des questions à la fin de la réunion comme c'est prévu, mais comme il ne veut rien entendre ils finissent par le faire sortir à plusieurs.
Pour ajouter encore à la confusion, on est sensés utiliser un langage des signes pendant l'AG, un signe pour applaudir (!), un autre pour faites silence, etc... Bizarre comme idée, on est pas sourd, et chut ça se comprend dans toutes les langues, ainsi que les applaudissements, j'avoue ne pas trop avoir compris l'intérêt de la chose, mais ce qu'il y a de sûr c'est que ça donnait un air bizarre à toute la réunion, un air un peu décalé.
Au final comme leur truc traine en longueur et qu'on était déjà au courant de quasiment tout par fb (facebook), on est partis avant la fin (une partie du groupe du moins), à la recherche de quelque chose à manger et à boire. On a retrouvé les autres plus tard qui nous ont raconté qu'ils ont même fini par s'empoigner physiquement dans l'amphi, et qu'à ce moment là tout le monde est parti. On se demande si c'est pas le travail d'agitateurs. En tous cas ce qui est sûr c'est que la tension est palpable...
Je commençais à avoir un léger mal de crâne. On a finalement fini dans un pub du coin, après avoir assisté à l'arrivé en fanfare d'un bus de Hollandais. Le pub était cher, la musique trop forte, la bière quelconque en bouteille, et la tenancière ne nous comprenait pas et on ne la comprenait pas non plus ! C'est un truc remarquable à Bruxelles, on trouve aussi des pubs italiens, ce genre de chose. On voyage dans toute l'Europe sans quasiment bouger. Enfin la bière a quand même fait son office, ça détend.

Pour finir la journée, je me suis mis dans la tête de réussir à me brosser les dents sans eau, donc avec une gourde, et à une fenêtre ouverte du couloir pour pouvoir cracher ! Bah ça marche, c'est froid et un peu acrobatique, mais ça marche !
La nuit fut assez catastrophique. On s'est retrouvés avec un super ronfleur dans notre "dortoir". Il était déjà là quand on est arrivés, mais il a commencé ses ronflements supersoniques seulement après qu'on se soit installés. Moi qui ai le sommeil léger, j'ai été servi !!! N'y tenant plus j'ai fini par me relever vers 1h30 ou 2h du mat. L'immeuble était toujours une vraie fourmilière, ça montait et descendait les escaliers en permanence. J'ai retrouvé quelqu'un et on a été faire un tour là où ils préparaient les banderoles, à la bibliothèque. Un étage entier réservé pour ça. Des gens studieux et affairés dans tous les coins, à une échelle indescriptible. On a fait une vidéo de la chose pour essayer de rendre les dimensions du travail, tout bonnement hallucinant.
Plus tard dans la nuit, je me suis à nouveau relevé pour partir à la recherche d'un endroit plus calme. Il devait être 3h30. Encore croisé plein de monde partout. J'ai fini par trouver un bureau qui avait l'air calme au 5ème, l'étage "media center". Bizarre comme bureau, classe par rapport au reste, avec un ordo éteint personnel. Bon enfin tout ce qui m'intéressait c'est qu'on pouvait s'installer confortablement sous une table avec mon duvet et y avait un duvet oublié là pour la tête ! Je me suis fait virer à 5h du mat, un gars à l'allure bizarre qui me sort "Ah va falloir que tu partes là, parce que je vais venir dormir avec mes meufs, et après on va bosser ici." C'est le genre "où je suis, qu'est-ce qui se passe ?". Ce gars là avait plus l'air d'un parrain de la drogue que d'un indigné, et j'entendais qu'il avait un groupe d'amis dans le couloir. Pas vraiment le moment de se prendre la tête, mais plutôt de repartir en quête d'un autre logement ! Je suis repassé par dehors pour un coup de WC, et plutôt content de ne pas avoir campé, il faisait vraiment un sacré froid ! Et puis finalement je suis retourné auprès des ronflements supersoniques, j'allais bien réussir à dormir quand même un peu après tout ça...

Finalement ça fait un texte nettement + long que prévu, je vais peut-être faire les autres jours à part alors. Prochain post : samedi, le jour de la manif, donc....

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